Des facultés en grève évacuées par la police
PARIS - Une demi-douzaine de sites universitaires ont été évacués jeudi soir et vendredi à Paris et en province par les forces de l'ordre, a-t-on appris de source policière et universaitaire.
Une trentaine de sites universitaires sont bloqués en France dans le cadre d'un mouvement de protestation contre la loi d'autonomie des universités, adoptée durant l'été.
Tandis que le conflit se durcit, à l'instar de celui dans les transports publics, la coordination étudiante a prévu de se réunir pour la troisième fois le week-end prochain.
Après Rennes il y a une semaine, les délégués des grévistes se retrouveront à Tours (Indre-et-Loire) dans l'un des amphithéâtres de la faculté des lettres et sciences humaines, a précisé un porte-parole, Damien Bouchée, à Reuters.
"On table sur la présence d'une centaine de délégués venus de la cinquantaine d'universités aujourd'hui inscrites dans le mouvement d'opposition à la loi Pécresse", a-t-il précisé, évoquant une "très forte tension" sur les campus.
La faculté de lettres de Montpellier, qui était bloquée par une cinquantaine de personnes depuis plusieurs jours, a été évacuée par la police vendredi lors d'une opération qui s'est déroulée sans incident.
Les personnes qui effectuaient des piquets de grève sont parties à l'arrivée des policiers qui intervenaient à la demande du président de l'université Montpellier 3, Jean-Marie Miossec.
"Pour la majorité, ces personnes n'étaient pas des étudiants de ma faculté. Cela ne pouvait plus durer", a-t-il dit.
"Depuis plusieurs jours, les assemblées générales étaient confisquées par un noyau de 'durs' (...) depuis ce matin notre faculté est libérée d'un groupe de squatters", a-t-il ajouté.
Jeudi soir, la police a évacué, également sans incidents, 50 étudiants qui occupaient l'amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, à Paris, puis, 80 autres qui bloquaient le deuxième étage de l'université au coeur du Quartier latin, a précisé la préfecture de police.
D'autres évacuations ont eu lieu jeudi soir à Nantes et à Lyon, a précisé un responsable étudiant.
A Strasbourg, à la demande du président de l'université Marc Bloch (Sciences humaines) une quinzaine d'étudiants qui occupaient un amphithéâtre ont été également évacués, a-t-on appris auprès du rectorat.
L'Unef, principal syndicat étudiant, a protesté dans un communiqué contre ces "méthodes scandaleuses", soulignant que les étudiants évacués ne bloquaient pas l'université.
L'Unef a été reçu jeudi à Paris par la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, rencontre qui n'a pas permis de résoudre le conflit.
La ministre a condamné vigoureusement vendredi les blocages de sites universitaires et a appelé les syndicats étudiants à se montrer tout aussi fermes.
Interrogée sur France 2, elle a dit s'inquiéter pour la réussite des étudiants les plus fragiles et pour les examens si les blocages devaient durer.
"Je suis inquiète pour la réussite des étudiants, je suis inquiète pour les examens. Il y aura, si les blocages durent, des risques pour l'année de certains étudiants", a-t-elle déclaré. "Je condamne vigoureusement tous les blocages".