Ouverture?

Le PS secoué par "l'affaire" Jack Lang

PARIS - Après avoir quitté les instances nationales du PS, Jack Lang a demandé la démission collective de la direction du parti, avec laquelle il est en conflit à propos de sa possible entrée dans une commission de réflexion créée par le président Sarkozy.

"Pourquoi, au lieu de reconstituer le meccano des chefferies, pourquoi ne pas tout simplement jouer cartes sur table et renvoyer devant les militants une démission collective? Ce sont les militants qui trancheront après un débat de plusieurs mois", a-t-il dit sur RTL.

Il estime que François Hollande, qui a annoncé qu'il entendait se maintenir à la tête du PS jusqu'à un congrès après les municipales de 2008, devait partir de suite. "Ce serait plus sain, ce serait plus correct, ce serait plus loyal", estime-t-il.

Cette déclaration a suscité une vive réaction de Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande, qui a rappelé que l'agenda censé mené à la rénovation du PS avait été approuvé à l'unanimité par la direction, lorsque Jack Lang y était.

"Il n'y a pas de crise au PS, il y a simplement à surmonter un problème", a-t-il dit sur LCI. Pour le député du Doubs Pierre Moscovici, "Jack Lang aime trop la lumière, ça lui est insupportable de ne pas être là où est le pouvoir".

David Martinon, porte-parole de Nicolas Sarkozy, a refusé de commenter "la vie interne du PS" mais a rendu hommage à Jack Lang. "C'est une personnalité éminente de la vie politique française, il a certainement beaucoup de conseils à apporter", a-t-il dit lors de son point de presse hebdomadaire.

LE PS DESTABILISE PAR L'OUVERTURE

Jack Lang reproche à la direction du PS de refuser de tirer les leçons de son échec aux élections. "On aurait attendu de la part des dirigeants une autocritique, une analyse. Pourquoi en sommes nous là ? Pourquoi cette défaite de notre stratégie commune ?", a-t-il lancé.

Il déplore que François Hollande l'ait menacé de l'exclure des instances dirigeantes du PS s'il acceptait la proposition de Nicolas Sarkozy d'entrer dans une commission de réflexion sur le réforme des institutions de la Ve République : "une menace qu'on fait planer sur un môme de trois ans, la menace de me mettre au piquet", dit-il.

Ce coup d'éclat de Jack Lang, 67 ans, une des figures les plus populaires du PS qui fut ministre de la Culture de François Mitterrand (1981-1986 et 1988-1993) et ministre de l'Education dans le gouvernement Jospin (2000-2002), accentue le désarroi du principal parti d'opposition.

Depuis l'accession de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, il a vu quatre des siens, Bernard Kouchner, Jean-Pierre Jouyet, Jean-Marie Bockel et Eric Besson accepter d'entrer au gouvernement (respectivement au Quai d'Orsay, aux Affaires européennes, la Coopération et la Prospective), aux côtés d'autres personnalités proches de la gauche comme Martin Hirsch, et Fadela Amara.

Jacques Attali et Hubert Védrine, d'anciens proches collaborateurs de François Mitterrand, ont accepté des missions de réflexion. Dominique Strauss-Kahn est soutenu par l'Elysée pour postuler à la direction du Fonds monétaire international.

La plupart des dirigeants socialistes voient dans cette politique d'ouverture une "manoeuvre" de Nicolas Sarkozy pour s'offrir une caution unanimiste et disloquer la gauche.

Jack Lang estime que sa participation à la mission Sarkozy, pour laquelle il réserve toujours sa réponse, ne vaut pas soutien au président.

Pour le PS, le problème est le fait que le président ait choisi lui-même ses participants à cette commission, au lieu de demander à la rue de Solférino des propositions, dit-on dans l'entourage de François Hollande.

Dans Libération Jack Lang exprime son bonheur de partir de Solférino. "Je suis libéré, ils m'ont rendu service en me permettant de prendre une décision que j'aurais dû prendre depuis longtemps. Vive la liberté! Vive la vie!".