Pause dans la réduction des déficits pour le budget 2008PARIS - Le gouvernement a présenté un projet de loi de finances 2008 qui entérine une pause dans la réduction des déficits en dépit d'une hypothèse de croissance économique comprise entre 2% et 2,5%.
Le premier projet de budget du quinquennat du président Nicolas Sarkozy affiche un déficit de 41,7 milliards d'euros, à peine inférieur à celui de la loi de finances pour 2007 (42 milliards) et en augmentation par rapport aux 38,3 milliards prévus en exécution.
Alors que le Premier ministre, François Fillon, a dramatisé son diagnostic des finances publiques en considérant que l'Etat était "en situation de faillite", le projet de budget 2008 intègre 11,4 milliards d'euros d'allègements fiscaux dont 9 milliards au titre du "paquet fiscal" adopté cet été par le Parlement.
Il prévoit une poursuite de la maîtrise des dépenses.
Estimées à 271,8 milliards d'euros, elles seront stables en volume et progresseront de 1,6% en valeur, soit une marge de manoeuvre de 5,5 milliards d'euros entièrement absorbée par l'augmentation des charges de pensions des fonctionnaires (2 milliards), la hausse des intérêts de la dette (1,6 milliard) et une remise à niveau des dotations budgétaires à certains dispositifs sociaux (1,2 milliard).
En conséquence, les dépenses prioritaires comme l'enseignement supérieur et la recherche dont le budget augmentera de 1,8 milliard, la justice et l'éducation nationale seront financées par redéploiement de ressources.
CRITIQUES DES PARTENAIRES EUROPEENS
Près de 23.000 suppressions nettes d'emplois de fonctionnaires sont prévues, une baisse sans précédent, qui doivent permettre de réaliser 450 millions d'euros d'économies en 2008 et un peu moins de 800 millions en année pleine.
L'ensemble des déficits publics qui prennent aussi en compte la Sécurité sociale et les collectivités locales est prévu à 2,3% du produit intérieur brut (PIB) contre 2,4% cette année, sous les 3% imposés par le pacte de stabilité de la zone euro.
La dette publique devrait revenir à 64% du PIB contre 64,2% à la fin 2007 après prise en compte d'une partie de la dette de la SNCF, à la demande de Bruxelles.
Le gouvernement vise l'objectif d'une dette inférieure à 60% du PIB et d'un retour à l'équilibre des finances publiques en 2012, voire en 2010 si la croissance s'inscrit durablement à 3%.
Confronté aux critiques de ses partenaires européens qui lui reprochent de ne pas aller assez vite dans la réduction des déficits, le gouvernement met en avant le "choc de confiance" qu'il souhaite provoquer avec son "paquet fiscal" afin d'accélérer la croissance et de mener à bien réformes structurelles et assainissement des comptes publics.
Le budget 2008, "destiné à nourrir la relance de la croissance", est un budget "sérieux", "juste" et "sans cadeaux fiscaux" a ainsi déclaré François Fillon après la présentation du texte en conseil des ministres.
"UN BUDGET CACHÉ"
Le premier secrétaire du Parti socialiste a pour sa part dénoncé un budget "incohérent, insincère et inconséquent" en faisant notamment référence à la prévision de croissance retenue par le gouvernement qu'il juge peu réaliste.
"Il y a un budget caché et un budget affiché. Le budget affiché c'est celui qui nous est présenté aujourd'hui. Le budget caché s'appelle l'austérité", a prévenu François Hollande.
Pour Michel Sapin, ancien ministre socialiste des Finances, "ce n'est pas le budget 2008, mais celui du premier trimestre 2008", allusion à la date des élections municipales, en mars.
Il a, comme François Hollande, estimé qu'un autre budget se prépare "c'est le fameux budget de la rigueur qui couvrira les trois autres trimestres de 2008".
A l'inverse, pour le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, "ce n'est pas un budget de rigueur, c'est un budget volontariste".
"C'est un budget basé sur une croissance vigoureuse", a dans la même ligne dit la ministre de l'Economie et des Finances.
Christine Lagarde a défendu l'hypothèse de croissance économique retenue en soulignant qu'elle était "légitime et justifiée" et conforme, voire inférieure à celle de plusieurs organismes internationaux et qu'elle prenait en compte la perspective d'une accélération de l'activité au second semestre 2007 après un deuxième trimestre décevant.
La ministre a, par ailleurs, jugé raisonnables les hypothèses retenues de cours euro-dollar et de prix du baril de pétrole, soit un taux moyen de change de 1,37 et un baril de Brent à 73 dollars en moyenne.
"Nous avons retenu un taux euro-dollar de 1,37, ce qui n'est pas le taux au jour le jour mais on n'établit pas des budgets sur la base d'un taux au jour le jour", a-t-elle dit.
La monnaie européenne s'échangeait mercredi autour de 1,41 dollar pour un euro et le baril de pétrole Brent coutait environ 77 dollars.