Le chômage en France...

Le chômage est reparti à la hausse en janvier


PARIS - A dix jours du premier tour des élections municipales, le gouvernement, déjà aux prises avec les inquiétudes des Français sur leur pouvoir d'achat et l'envolée des prix, est confronté à une brusque détérioration du marché de l'emploi.
Le nombre de chômeurs de catégorie 1 a en effet augmenté de 0,7% (+13.200 personnes) pour repasser au-dessus du seuil de 1,9 million enfoncé en décembre 2007 et revenir à 1.910.500 personnes.
Le nombre des demandeurs d'emploi des catégories 1 à 6, qui correspondent à une définition à la fois plus large et plus conforme à celle utilisée dans le cadre européen, a, quant à lui, augmenté de 1,4% en janvier à 2.379.200 personnes, son recul sur un an revenant à 6,3%.
La ministre de l'Economie Christine Lagarde a pris acte dans un communiqué de cette hausse du nombre de demandeurs d'emploi en janvier en soulignant qu'elle intervenait "après plusieurs mois de baisse continue".
"Les autres indicateurs disponibles sur le marché du travail sont bien orientés", note le communiqué.
"Les créations d'emplois sont restées vigoureuses au quatrième trimestre et l'emploi dans l'intérim s'est redressé" au cours de la même période, précise-t-il.
L'emploi salarié dans les secteurs marchands a progressé de 0,4% au quatrième trimestre 2007 correspondant à 59.900 emplois, le nombre de salariés dans ces secteurs ressortant à 16.027.100, selon les données provisoires publiées par l'Insee le 15 février.
Le nombre de demandeurs d'emplois s'inscrit depuis l'été 2005 dans une tendance baissière ponctuée de rares hausses mensuelles, la dernière en date remontant à août 2007 (+0,6% et 11.800 personnes).
Le nombre de demandeurs d'emploi avait depuis marqué des baisses de 0,5% en décembre (-9.800 personnes), de 0,7% en novembre (-12.500 personnes), de 1,2% en octobre (-23.000 personnes) et de 1,4% en septembre (-28.000).
INFLEXION DE TENDANCE
La remontée du nombre de demandeurs d'emploi en janvier relève-t-elle d'une contre-performance qui sera vite corrigée ou marque-t-elle une inflexion de tendance sur le marché de l'emploi ?
Elle contraste avec la poursuite de l'embellie du marché du travail en Allemagne depuis le début de l'année.
Le nombre de demandeurs d'emploi au sein de la première économie de la zone euro a baissé de 75.000 en février en données CVS/CJO pour s'établir à 3,336 millions alors que les économistes interrogés par Reuters tablaient sur une baisse de 50.000 après un repli de 91.000 en janvier.
"Il est possible que nous connaissions une inflexion de tendance au moins pour quelques mois", prévient Nicolas Bouzou, économiste du bureau d'analyse indépendant Asterès.
"Compte tenu d'une évolution plutôt favorable de la population active, il faut une croissance de 1,8% à 2,0% pour faire baisser le chômage en France", rappelle-t-il.
"Le croissance en rythme annualisé a été de 1,2% au quatrième trimestre 2007 et cela ne devrait pas s'améliorer sur les trois premiers mois de cette année. Ce n'est pas suffisant pour créer des emplois", ajoute-t-il.
"Il faut aussi tenir compte des anticipations des chefs d'entreprise confrontés à un climat politique dégradé, aux conséquences de la crise des subprime et à un ralentissement de la croissance mondiale. Tout cela les incite plutôt à replier la voile", poursuit Nicolas Bouzou qui table sur une alternance de stabilisation et de remontée du nombre des demandeurs d'emploi dans les prochains mois.
Les chiffres publiés jeudi ne comprennent pas d'estimation du taux de chômage au sens du BIT conformément à la décision prise par l'Insee de ne plus publier de série mensuelle du chômage au sens du BIT sur la base des conclusions d'un rapport commandé par le gouvernement en juin 2007 pour trouver une issue à une polémique sur la fiabilité des chiffres du chômage.
L'Insee a en revanche fait état d'un taux de chômage à 8,3% de la population active (7,9% pour la France métropolitaine) au troisième trimestre 2007 sur la base d'une nouvelle méthode d'estimation à partir d'une enquête de terrain, l'enquête Emploi.
Le chiffre du quatrième trimestre sera publié le 6 mars alors que, selon la dernière enquête mensuelle de l'Insee sur le moral des ménages, ils s'attendent à une dégradation du marché du travail au cours des prochains mois.
La confiance des ménages en février est tombée au plus bas depuis que la série a commencé en janvier 1987, selon les données publiées jeudi par l'Insee.